dimanche 24 avril 2022

L'homme extérieur et l'homme intérieur


Il y a un homme extérieur et un homme intérieur; le premier vit dans le monde et en subit l'influence, tandis que le second regarde vers Dieu et vit de l'oraison. Or il ne faut pas que le premier s'affirme au détriment du second; c'est l'inverse qui doit avoir lieu. Au lieu de gonfler l'homme extérieur et de laisse mourir l'homme intérieur, il faut laisser s'épanouir l'homme intérieur et confier les soucis de l'extérieur à Dieu.

~ Frithjof Schuon - La conscience de l'Absolu

vendredi 10 septembre 2021

La raison et l'Intellect


 

La raison est formelle dans sa nature et formaliste dans ses opérations, elle procède par "coagulations", par alternatives et exclusions, ou par vérités partielles si l'on veut; elle n'est pas, comme l'intellect pur, lumière informelle et "fluide"; il est vrai qu'elle tire son implacabilité, ou sa validité en général, de l'intellect, mais elle ne touche aux essences que par conclusions, non par visions directes; elle est indispensable pour la formulation verbale, mais n'engage pas la connaissance immédiate.

~ Frithjof Schuon - Comprendre l'Islam

vendredi 3 septembre 2021

L'esprit de tolérance en Islam

 

Le Prophète de l'Islam a enseigné que la tolérance est un impératif éthique universel. Ce qui fait que Dieu aime une religion, c'est la présence en elle d'âmes dominées par ce que le Prophète appelait al-hanifiyya al-samha: la foi en l'Un, primordiale, généreuse et tolérante. La tolérance propre au hanif, incarné à la perfection par Abraham, doit être insufflée dans la force morale de chaque être humain, de sorte que cette foi en un Dieu unique se traduise, sur le plan des vertus, en tolérance vis-à-vis de tous ceux qui croient en cette Réalité unique, quel que soit le nom qu'elle porte. Ces enseignements du Prophète sont enracinés dans la connaissance que révèle le Coran; en particulier, que la société se caractérise par une diversité de religions et de cultures qui est voulue d'en-Haut. Si cette diversité est l'expression de la volonté et de la sagesse divines, la tolérance envers les différents, qui l'accompagne nécessairement, devient non seulement une obligation éthique envers tous ses semblables, mais aussi un engagement devant la sagesse du Créateur, et son reflet. Sagesse liée à la miséricorde, puisque Dieu embrasse toutes choses "dans la miséricorde et la connaissance" (40,7). Du point de vue de la vision sacrée de l'Islam, la tolérance ,'est alors pas seulement une noble éthique humaine, mais elle est aussi, et surtout, une preuve de respect et une participation à la sagesse compatissante du Créateur.  

~ Reza Shah Kazemi - L'esprit de tolérance en Islam

mercredi 18 août 2021

Suis-je avec le Commandeur ou avec les oeuvres ?

 
Quand le disciple veut savoir s'il est avec le Commandeur -Gloire à Lui- ou avec les œuvres que celui-ci lui commande qu'il regarde en son âme. S'il fait une différence entre les œuvres ordonnées en disant: celle-ci est plus pénible que celle-là, celle-ci est plus légère que celle-là, dans ce cas il est avec la création et non avec Dieu. Si l'âme agrée indifféremment toutes les œuvres sans préférence, il est avec Dieu -Gloire à Lui- et non avec la création.
 
~ Abd Allâh Badr Al-Habashi - L'éveil à la voie de Dieu

mardi 17 août 2021

آدابُ الشريعة


ليس لله في عبده مقامٌ ولا حالٌ ولا معرفة تسقطُ معها آدابُ الشريعة، وآدابُ الشريعة حِلْيَةُ الظاهر، والله تعالى لا يبيحُ تعطيل الجوارحِ من التحلي بمحاسن الآداب
 
~ أبو الحسين النوري - عوارف المعارف



samedi 26 décembre 2020

L'homme de la chute

 
L’homme de la chute est l’homme entraîné par l’action et enfermé en elle, et c’est pour cela qu’il est aussi l’homme du péché ; l’alternative morale vient moins de l’action que de l’exclusivisme de l’action, c’est-à-dire de l’individualisme et de son illusoire « exterritorialité » vis-à-vis de Dieu ; l’action devient en quelque sorte autonome et totalitaire, alors qu’elle devrait s’insérer dans un contexte divin, dans un état d’innocence qui ne saurait séparer l’acte de la contemplation.


L’homme de la chute est à la fois comprimé et écartelé par deux pseudo-absolus : le « moi » pesant et la « chose » dissipante, le sujet et l’objet, l’ego et le monde. Dès le réveil, le matin, l’homme se souvient qui il est et tout de suite, il pense à telle ou telle chose ; entre l’ego et l’objet, il y a un lien, qui est le plus communément l’action, d’où un ternaire qui tient en cette phrase : « Je fais ceci » ou, ce qui revient au même : « Je veux ceci ». L’ego, l’acte et la chose sont pratiquement trois idoles, trois écrans qui cachent l’Absolu ; le sage est celui qui met l’Absolu à la place de ces trois termes : c’est Dieu en lui qui est la Personnalité transcendante et réelle, donc le Principe du « moi »' ; l’acte est l’Affirmamation de Dieu, au sens le plus large, et l’objet est encore Dieu2 ; c’est ce que réalise, de la façon la plus directe possible, l’oraison - ou la concentration - quintessentielle, qui englobe, virtuellement ou effectivement, toute la vie et le monde entier ; en un sens plus extérieur et plus général, tout homme doit voir les trois éléments « sujet », « acte » et « objet » en Dieu dans la mesure où il en est capable de par ses dons et de par la grâce.

~ Frithjof Schuon - Regards sur les mondes anciens

vendredi 11 décembre 2020

Le but de la religion


Le but de la religion est de transmettre à l'homme une image symbolique, mais adéquate, de la réalité le concernant, conformément à ses besoins réels et à ses intérêts ultimes, et de lui fournir les moyens pour se dépasser et pour réaliser sa plus haute destinée; et celle-ci ne saurait être de ce monde, étant donné la nature de notre esprit. Le but secondaire de la religion est de réaliser, en vue du but principal, un équilibre suffisant de la vie collective, ou de sauvegarder, dans le cadre de la malice naturelle des hommes, le maximum de chances spirituelles; si d'une part il faut protéger la société contre l'individu, il faut d'autre part protéger l'individu contre la société.

~ Frithjof Schuon - Regards sur les mondes anciens