jeudi 16 juin 2016

L'islam et l'intelligence


"L’Islam pose cette ultime question : qu’est-ce que l’intelligence, et que signifie réellement être intelligent ? L’intelligence n’est pas ce qu’on en fait si souvent aujourd’hui, une acuité mentale et une habileté diabolique qui ne cessent de jouer avec les idées sans jamais les pénétrer ni réaliser leur véritable sens. Cela n’est pas la véritable intelligence, l’intelligence contemplative qui ressemble aussi peu à la virtuosité mentale que le vol altier de l’aigle ne ressemble à un singe qui joue. Ce que, de nos jours, nous appelons intelligence est exactement ce jeu que, tel un singe, le mental joue avec les idées, fussent-elles les plus sacrées, sans jamais pouvoir ni comprendre ni pénétrer entièrement aucune d’elles. Un mental de cette sorte est comme un lac gelé. Rien ne le pénètre jamais ; tout ne fait que glisser d’une rive à l’autre, sans atteindre les couches profondes. Ce n’est pas ce type d’activité mentale que l’Islam considère comme l’intelligence ; cette activité-là n’est tout au plus qu’un reflet de la véritable intelligence."

~ Seyyed Hossein Nasr - Islam, perspectives et réalités

mardi 14 juin 2016

La réduction de l'Intellect


"Dans le monde moderne, la réduction de l'Intellect à la raison et la limitation de l'intelligence à la ruse et à l'habileté n'ont pas seulement rendu la connaissance sacrée inaccessible et, pour certains, dénuée de sens, mais, ont aussi détruit la théologie naturelle qui, dans le contexte chrétien, représentait un reflet de la connaissance sacrée, de la sagesse ou sapientia qui constituait la voie centrale vers la perfection spirituelle et la délivrance."

~ Seyyed Hossein Nasr - La connaissance et le sacré

lundi 13 juin 2016

Le donné et le construit !


"Il est beau d'accepter le donné. Cela veut dire qu'on accepte que les choses viennent à nous, qu'on les laisse venir, qu'on a donc des relations intimes avec elles en acceptant qu'elles nous donnent ce qu'elles ont envie de nous donner. Il est beau également de construire, construire consistant à édifier quelques chose à partir du donné. Reste que tout est perverti, quand, refusant le donné, le construit entend tout construire. On tombe alors dans la folie de l'homme s'imaginant pouvoir tout construire. Écoutons le discours de la modernité. Il est dans la volonté de toute-puissance. Il est prométhéen. "L'homme est ce qu'il est", dit Sartre. Même chose avec Bachelard."Rien n'est donné, tout est construit", écrit-il quand il s'agit de définir l'essence de l'esprit scientifique. Ce qui est révélateur: il y a dans la modernité une rivalité entre le construit et le donné. Une rivalité mimétique, convient-il d'ajouter. Derrière le rejet du donné par le construit, il y a de l'envie. Mieux encore, un désir fou. Celui d'apparaitre comme le donné. Ce que le construit finit par réaliser. Disons que tout st construit, tout est construit sauf ... le fait que tout est construit qui se donne comme donné incontestable." 

~ Bertrand Vergely - La tentation de l'homme-Dieu

dimanche 12 juin 2016

Le jeune est une grande force


"Le jeûne, guérit les malades, il dessèche tout écoulement. Il repousse les démons et expulse les pensées malsaines. Il rend l'esprit plus clair et purifie le coeur. Il sanctifie le corps et transporte l'homme sur le trône de Dieu. Le jeûne est une grande force"
~ Saint Athanase d'Alexendrie

samedi 11 juin 2016

La Shari'a et la modernité


"En fait, en dépit des apparences, le "bourgeoisisme" religieux, conservateur, des "docteurs de la Loi" a son pendant, mutatis mutandis, dans celui, économique et progressiste, des promoteurs modernes de la raison utilitariste. L'un se justifiait par son rôle de préservation de la tradition, l'autre par celui d'ouverture vers des "horizons radieux". Dans les deux cas, le système donnait des gages de sécurité"

~ Eric Geoffroy, L'islam sera spirituel ou ne sera plus

dimanche 15 mai 2016

La machine



De nos jours, c’est la machine qui tend à devenir la mesure de l’homme, et elle devient par là même quelque chose comme la mesure de Dieu, d’une manière diaboliquement illusoire, bien entendu : pour les esprits les plus « avancés », ce sont en effet la machine, la technique, la science expérimentale, qui désormais dictent à l’homme sa nature, et ce sont elles qui créent la vérité – on l’avoue sans vergogne – ou plutôt, ce qui en usurpe la place dans la conscience. Il est difficile à l’homme de tomber plus bas, de réaliser une plus grande perversion mentale, un plus complet abandonnement de lui-même, une plus parfaite trahison de sa personnalité intelligente et libre : au nom de la « science » et du « génie humain », l’homme consent à devenir la création de ce qu’il a créé et à oublier ce qu’il est, au point d’en attendre la réponse de la machine et des forces aveugles de la nature ; il a attendu de n’être plus rien pour prétendre se créer lui-même. Entraîné par un torrent, il glorifie l’incapacité de lui résister.

~ Frithjof Schuon - Stations de la Sagesse

samedi 23 avril 2016

La dégénérescence du monde moderne



« Il y a des maladies qui couvent longtemps, mais dont on ne prend conscience que lorsque leur œuvre souterraine est presque arrivée à terme. Il en est de même pour la chute de l'homme le long des voies d'une civilisation qu'il glorifia comme la civilisation par excellence. Si ce n'est qu'aujourd'hui que les modernes sont parvenus à éprouver le pressentiment qu'un sombre destin menace l’Occident, depuis des siècles déjà̀ certaines causes ont agi qui ont provoqué un tel état spirituel et matériel de dégénérescence que la plupart des hommes se trouvent privés, non seulement de toute possibilité́ de révolte et de retour à la « normalité » et au salut, mais également, et surtout, de toute possibilité de comprendre ce que « normalité » et salut signifient. »

~ Julius Evola - Révolte contre le monde moderne

dimanche 17 avril 2016

Le porc




« Presque universellement, le porc symbolise la goinfrerie, la voracité : il dévore et engouffre tout ce qui se présente. [...] Le porc est très généralement le symboles des tendances obscures, sous toutes leurs formes de l'ignorance, de la gourmandise, de la luxure et de l'égoïsme. Car, écrit saint Clément d'Alexandrie citant Héraclite : le porc prend son plaisir dans la fange et le fumier. C'est la raison d'ordre spirituel de l'interdiction de la viande de porc, notamment dans l'Islam. [...] »

~ Jean Chevalier & Alain Gheerbrant - Dictionnaire des Symboles

lundi 11 avril 2016

Les déséquilibres sexuels




Les déséquilibres sexuels, si fréquemment observés aujourd'hui dans nos univers de métal, de verre et de béton, ne sont peut-être, après tout, qu'une maladroite tentative de revanche des corps marqués par cette profonde rupture qui s'est consommée en moins d'une génération entre l'homme et la nature, et brusquement amputés de leur environnement naturel et culturel. Car si l'homme se crée des environnements nouveaux entièrement artificiels, ceux-ci le marquent à leur tour. L'environnement n'est pas neutre : support de notre existence, il doit rester le cordon ombilical qui nous lie à cette nature dont nous sommes et qui nous porte. L'oublier serait s'exposer aux plus graves périls. Entre l'ordinateur et le marronnier, s'il fallait choisir, c'est le marronnier qu'il faudrait garder. 


~ Jean-Marie Pelt - Les langages secrets de la nature

lundi 14 mars 2016

L'art de donner


« [...] l’art de donner est le principal arcane du Grand Œuvre. Le secret de cet art consiste dans le désintéressement absolu, dans la pureté parfaite de l’âme de l’acte, c’est-à-dire de l’intention, dans l’absence complète de tout espoir de retour, d’un payement quelconque, fût-il dans l’autre monde. Il faut que votre acte ne ressemble en rien à un échange de bons procédés. Il est, par conséquent, plus parfait, plus pur de donner à ce qui paraît inférieur ou faible qu’à l’égal ou au plus fort. Au point de vue ésotérique, il est mieux de donner à une espèce qui est loin de la vôtre qu’à votre semblable. C’est pourquoi l’attraction de l’antipode, le goût de l’exotique, la zoophilie et l’étude amoureuse de la nature sont autant d’indices de dispositions ésotériques. [...] Il est actuellement impossible de faire du bien à l’humanité sans aucune arrière-pensée utilitaire. La charité vis-à-vis du semblable est un devoir, un acte de précaution ou de haute prévoyance. Il peut difficilement contenir quelque chose fait « uniquement pour Dieu ». Le sentimentalisme laisse toujours une tache égoïste sur tout ce qu’on fait en son nom, ne serait-ce qu’en se parant de beaux motifs pour des actes fort simples. [...] Le bien que l’on fait à un animal nous rapproche davantage de Dieu, car l’égoïsme y trouve moins son compte, au moins en des cas ordinaires. Le déplacement mental est plus grand, la conquête dans l’âme universelle est plus lointaine. Vous vous attachez aux êtres humains, ceux-là s’attachent à vous pour toutes sortes de raisons pratiques. L’attachement entre un animal et un être humain est d’ordre supérieur. »

~ Ivan Aguéli - L'universalité en l'Islam

dimanche 13 mars 2016

La pauvereté



 

« Pour les religions, la norme « économique » est expressément la pauvreté, dont les Fondateurs ont d'ailleurs toujours donné l'exemple, — il s'agit d'une pauvreté qui se tient près de la nature, et non d'un dénuement rendu inintelligible et enlaidi par les servitudes d'un monde artificiel et irréligieux, — tandis que la richesse est tolérée, puisqu'elle est un droit naturel et qu'elle n'empêche ni le détachement ni la sobriété, — mais elle n'est pas l'idéal comme c'est pratiquement le cas dans le monde moderne. »

~ Frithjof Schuon, Castes et races